L’ombre par sa substance impalpable révèle les vivants en présence sans parvenir à en distinguer le haut du bas, le vrai du faux, c’est l’expérience du mélange.

Capturer l’ombre est le résultat d’une expérience de terrain à guetter avec attention le dehors qui nous entoure. Ces photos et captations vidéos ont été réalisées au cours de promenades sur la ferme familiale avec pour seul support un grand rouleau de papier blanc, et seul outil une caméra. Les ombres recueillies renvoient à la physicalité des corps qui tapissent le sol et composent l’environnement dans lequel nous évoluons. Ces corps deviennent des “sites de partenariat, enchevêtrés, aventurés et métamorphiques” pour reprendre les termes d’Isabelle Stengers. Le paysage qui se matérialise sur la feuille de papier blanc semble se dissoudre, se déformer, c’est un paysage en mouvement résultat toujours en actualisation des actions des vivants et non un décor fixe. C’est à quatre pattes qu’il faut se mettre pour rencontrer tous ces êtres, pas seulement pour les observer mais pour vivre avec eux des histoires. Capturer l’ombre est la tentative innocente de se saisir du monde qui nous entoure.