La mémoire rêveuse d’une ferme traversée par des cycles de transformations, des traces d'animaux dans un espace clôturée mais aussi allié...

À travers l'exploration des éléments constitutifs du paysage rural, j'ai conçu l'installation "Échappé" qui raconte la relation ambivalente que j'entretiens avec la ferme de mon enfance. Le sol semble empreint d'une histoire qui aspire à se libérer. Les souvenirs d'une balançoire jamais vue ni connue s'entremêlent à ceux des moutons qui occupaient autrefois ce lieu avant d'être remplacés par des vaches. Les récits issus des mémoires se fondent avec la vision rêveuse d'un lieu façonné par le temps, les cycles de transformation, tels les oscillations de la balançoire.

Comme une ponctuation au sein des paysages agricoles, la barrière encadre, traverse, borne, délimite la terre. Les champs clôturés évoquent l'attachement au lieu. Au-delà de cet attachement, émerge l'alliance, le lien. La barrière, omniprésente, est manipulée, fermée, ouverte, remplacée. Elle incarne le passage entre deux espaces, capturant le mouvement vif aussi bien de la présence humaine que de celui des animaux tels que moutons, vaches, sangliers, chevreuils, cerfs...

La terre, empreinte de traces et de passages, raconte l'histoire de la cohabitation entre les êtres qui la peuplent. "Échappé" se veut ainsi une invocation de la mémoire, du lien indéfectible à la terre, et des multiples interactions qui sculptent le paysage rural.